Le Népal, un pays enchanteur niché dans les replis de l’Himalaya, est riche d’une histoire qui remonte à des milliers d’années. Son passé est un mélange complexe d’éléments mythologiques, religieux et politiques qui ont influencé sa culture et sa société jusqu’à ce jour.
L’Âge de la Pierre et le Début de la Civilisation
Les premières traces d’habitation humaine au Népal remontent à la préhistoire, avec la découverte d’outils en pierre qui datent de 9000 av. J.-C. La civilisation de la vallée de l’Indus, l’une des plus anciennes du monde, a également eu une influence sur le Népal, comme en témoignent les artefacts trouvés dans la région.
Les Kiratis et les Licchavis
Les Kiratis sont reconnus comme les premiers souverains du Népal, ayant pris le pouvoir vers 800 av. J.-C., et leur règne a duré près de 1000 ans. Ils sont mentionnés dans des textes anciens tels que le Mahabharata et le Manusmriti, qui parlent de leur bravoure et de leurs compétences en matière d’archerie. Le plus célèbre des rois Kirati, Yalambar, est même censé avoir participé à la grande bataille du Mahabharata. Cette période a également été témoin de l’introduction du bouddhisme dans la région, ce qui a jeté les bases de la riche tradition bouddhiste du Népal.
Après le règne des Kiratis, la dynastie des Licchavis a émergé vers 400 après J.-C., marquant un tournant dans l’histoire du Népal. Les Licchavis, originaires de l’Inde du Nord, ont apporté avec eux une culture et une tradition sophistiquées. Ils ont été particulièrement influents dans le développement de l’art et de l’architecture, créant des œuvres d’une beauté et d’une complexité remarquables qui ont survécu jusqu’à nos jours. Les Licchavis ont également introduit le premier code juridique connu du Népal, connu sous le nom de « Lois de Manu », qui a servi de base à la législation népalaise pendant des siècles.
Les Licchavis ont également joué un rôle crucial dans la consolidation du bouddhisme et de l’hindouisme au Népal, favorisant un climat de tolérance religieuse qui perdure jusqu’à aujourd’hui. Les rois Licchavi étaient des mécènes de la religion et de l’art, soutenant la construction de nombreux temples bouddhistes et hindous. Le roi Licchavi Amshuverma, qui a régné au VIIe siècle, est particulièrement célèbre pour son érudition et sa sagesse. Il a ouvert le Népal au monde extérieur, établissant des relations diplomatiques avec la Chine et permettant aux érudits indiens, tels que le célèbre Adi Shankaracharya, de visiter le Népal.
L’Empire Malla
L’Empire Malla, qui a régné de 1200 à 1768 après J.-C., représente une période clé de l’histoire du Népal, souvent considérée comme l’âge d’or de la culture et de l’art népalais. Le règne des Mallas a commencé avec la montée d’Ari Malla au pouvoir à Bhaktapur vers 1200 après J.-C., ouvrant une ère de prospérité, de développement et de croissance culturelle.
Au cours de cette période, le Népal a été divisé en plusieurs cités-États indépendantes, chacune gouvernée par un roi Malla. Parmi les plus notables, on compte Bhaktapur, Patan et Kathmandu, qui sont aujourd’hui reconnues pour leur architecture unique et leur riche patrimoine culturel. Les Mallas ont été de grands mécènes des arts, construisant des temples, des palais et des places publiques ornés de sculptures complexes. Les Durbar Squares de Kathmandu, Patan et Bhaktapur, avec leurs temples et palais richement décorés, sont des témoignages durables de l’âge d’or des Mallas.
L’ère Malla a également été une période d’évolution religieuse. Les Mallas étaient des pratiquants dévoués de l’hindouisme et du bouddhisme, et ils ont soutenu l’essor de la secte Newar du bouddhisme tantrique vajrayana, qui est unique au Népal. Les fêtes et les célébrations religieuses ont également été grandement encouragées, comme en témoignent les nombreuses jatras (festivals) qui ont été instaurées à cette époque et qui continuent d’être célébrées avec beaucoup de ferveur aujourd’hui.
L’Empire Malla a été caractérisé par un système de gouvernance complexe qui impliquait un mélange d’éléments monarchiques et démocratiques. Les Mallas ont introduit des réformes juridiques et ont promulgué des codes de conduite pour réguler la société. L’influence de ces lois est encore visible dans la société népalaise actuelle, notamment dans la structure du système juridique népalais.
Malgré la chute de l’Empire Malla aux mains de Prithvi Narayan Shah, le roi de Gorkha, en 1768, l’héritage des Mallas perdure dans l’architecture, la culture, la religion et les traditions du Népal.
L’Unification du Népal et le Règne des Shahs
L’unification du Népal sous Prithvi Narayan Shah au XVIIIe siècle marque un tournant décisif dans l’histoire du pays. Originaire du petit royaume montagnard de Gorkha, Prithvi Narayan Shah rêvait d’unir les nombreux petits royaumes et principautés qui composaient le Népal de l’époque. Après une série de campagnes militaires réussies, il a réalisé son ambition en 1768 en conquérant la vallée de Kathmandu, alors sous le règne des Mallas. Cette unification a marqué le début du règne de la dynastie Shah au Népal, qui a duré jusqu’en 2008.
Le règne des Shahs a été une période de consolidation et de centralisation du pouvoir. Prithvi Narayan Shah lui-même a initié une série de réformes visant à renforcer l’administration centrale et à promouvoir l’unité nationale. Il a également cherché à protéger l’indépendance du Népal face à l’expansionnisme britannique en Inde, en adoptant une politique de neutralité et d’isolement.
Cependant, le règne des Shahs a également été marqué par une instabilité politique et des luttes de pouvoir internes. Au XIXe siècle, le pouvoir effectif est passé aux mains de la famille Rana, qui a instauré une dictature héréditaire et réduit les Shahs à des monarques de figure. Ce n’est qu’en 1951 que les Shahs ont réussi à reprendre le pouvoir avec l’aide de mouvements populaires et ont instauré une monarchie constitutionnelle.
Les Shahs ont continué à régner sur le Népal tout au long du XXe siècle, malgré des périodes d’instabilité politique et des tensions croissantes entre la monarchie et les forces démocratiques. Le règne des Shahs a finalement pris fin en 2008 à la suite de la guerre civile népalaise et de la révolution de 2006. Le Népal a alors été proclamé république, marquant la fin de plus de deux siècles de règne des Shahs.
Le règne des Shahs a eu un impact durable sur le Népal, en façonnant son identité politique et culturelle. Malgré les défis et les controverses, la période de l’unification et du règne des Shahs a joué un rôle crucial dans la formation de l’État-nation népalais tel que nous le connaissons aujourd’hui.
L’Ère Moderne
L’histoire moderne du Népal est marquée par une lutte constante pour la démocratie et la souveraineté populaire. Après la fin du régime autocratique des Rana en 1951, le roi Tribhuvan a instauré une monarchie constitutionnelle, marquant le début de l’ère moderne du Népal. Cependant, la transition vers la démocratie a été loin d’être fluide. Les décennies qui ont suivi ont été marquées par une instabilité politique, des coups d’État royaux, des gouvernements de courte durée et une série de constitutions.
En 1996, la lutte pour la démocratie a pris un tournant violent lorsque le Parti communiste du Népal (Maoïste) a lancé une insurrection armée contre le gouvernement, déclenchant une guerre civile qui a duré une décennie. La guerre a fait des milliers de morts et a entraîné de graves violations des droits de l’homme de toutes parts. Cependant, elle a également conduit à des changements politiques majeurs.
En 2001, le Népal a été secoué par un tragique massacre royal, où le roi Birendra et plusieurs membres de la famille royale ont été tués. Le frère de Birendra, Gyanendra, est monté sur le trône, mais son règne a été marqué par des conflits et des controverses.
La pression pour le changement a culminé en 2006 avec la Révolution des Tulipes, une série de protestations massives exigeant la restauration de la démocratie. En réponse, le roi Gyanendra a été contraint de rétablir le parlement et de nommer un gouvernement dirigé par les partis d’opposition. En 2008, l’Assemblée constituante nouvellement élue a voté pour abolir la monarchie, proclamant le Népal une république fédérale démocratique. La fin de la monarchie a marqué un tournant historique dans l’histoire du Népal, mettant fin à des siècles de règne royal.
Depuis lors, le Népal a travaillé à la consolidation de sa démocratie et à la reconstruction après la guerre civile. Le pays a adopté une nouvelle constitution en 2015, qui établit le Népal comme une république fédérale démocratique et séculaire. Cependant, le pays fait toujours face à de nombreux défis, notamment la gestion de la diversité ethnique et culturelle, la reconstruction après le tremblement de terre dévastateur de 2015, et la promotion du développement économique et social.
L’histoire moderne du Népal est une histoire de résilience et de lutte pour la démocratie. Malgré les défis et les obstacles, le Népal continue de travailler pour réaliser la vision d’une nation démocratique, inclusive et prospère.